redon_article.jpg

Migraine - Vivre avec la migraine

4 min

Le risque périnatal pour les patientes souffrant de céphalées (migraine, céphalées de tension)(1) par le Dr Sylvain Redon

Chez les femmes souffrant de migraine ou de céphalées de tension, quelques études suggèrent un risque plus élevé de complications obstétricales, telles que le décollement placentaire2. Il existerait également un risque accru d’accoucher d’un nourrisson trop petit pour son âge gestationnel3.

Une équipe de gynécologues obstétriciens a souhaité comparer l’évolution de la grossesse et le devenir périnatal chez des femmes souffrant de céphalées de tension, de migraine sans ou avec aura et chez des femmes qui ne souffrent pas de céphalées.

Cette étude prospective a été menée entre 2018 et 2019 à l’hôpital de Modène en Italie. Un questionnaire a été proposé à 515 femmes qui consultaient pour le dépistage de l’aneuploïdie, au premier trimestre de grossesse. Les antécédents de céphalées, les caractéristiques des céphalées étaient recherchées. Lors du dépistage de l’aneuploïdie, un algorithme, utilisé pour prédire le risque de pré éclampsie, a été réalisé. Cet algorithme comprend la mesure de pression artérielle, le doppler des artères utérines, et certains marqueurs biochimiques. Les données concernant l’évolution de la grossesse ont été obtenues à partir des dossiers de la maternité, ou directement auprès des patientes.

43,5% des femmes avaient un antécédent de céphalées : céphalées de tension (24,3%), migraine sans aura (14%), et migraine avec aura (5,2%).

Concernant les complications de la grossesse ou le taux de césarienne, il n’a pas été mis en évidence de différence entre les femmes souffrant de céphalées et celles qui n’en souffrent pas. En revanche, le poids à la naissance était significativement plus faible chez les femmes souffrant de migraine avec aura. Dans ce groupe, le taux de nouveau-nés trop petits pour leur âge gestationnel était significativement plus élevé. Le taux d’admission en unités de soins intensifs néonatals était significativement plus élevé dans les 3 groupes de patientes souffrant de céphalées. Après analyse multivariée, les patientes souffrant de céphalées de tension ou de migraines avec aura et dont certains marqueurs étaient anormaux, avaient plus de risque de délivrer un enfant petit pour son âge gestationnel, en comparaison aux patientes qui ne souffrent pas de céphalées. Ces marqueurs étaient : une augmentation de l’index de pulsatilité des artères utérines lors du doppler, une diminution de la protéine A plasmatique associée à la grossesse, et une augmentation de l’inhibine-A.

Les mécanismes qui aboutiraient à un risque plus élevé de complications périnatales chez les patientes souffrant de migraine avec aura ou des céphalées de tension ne sont pas élucidés. Selon les auteurs, il y aurait une indication supplémentaire, pour ces patientes, à réaliser un dépistage de l’aneuploïdie lors du premier trimestre de grossesse. L’objectif serait de rechercher des marqueurs prédictifs de complications périnatales. Ces patientes pourraient alors faire l’objet d’un suivi obstétrical personnalisé.

Références
  1. Neri I, Menichini D, Monari F, Bascio LS, Banchelli F, Facchinetti F. Perinatal outcomes in women affected by different types of headache disorders: A prospective cohort study. Cephalalgia. 2021 Dec;41(14):1492–8.

  2. Sanchez SE, Williams MA, Pacora PN, Ananth CV, Qiu C, Aurora SK, et al. Risk of placental abruption in relation to migraines and headaches. BMC Women’s Health. 2010 Dec;10(1):30.

  3. Marozio L, Facchinetti F, Allais G, Nappi RE, Enrietti M, Neri I, et al. Headache and adverse pregnancy outcomes: a prospective study. European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology. 2012 Apr;161(2):140–3.